Les aides à domicile en ordre de bataille

Les aides à domicile en ordre de bataille

25 mars 2020

Publié le 25/03/2020 à 18h30 - © Le Télégramme

Les aides à domicile en ordre de bataille

Plus de 700 personnes bénéficient de leur aide à domicile sur le pays de Douarnenez. Comme Pierrick Kerloc’h, ils font partie de ceux qui continuent à travailler auprès des plus fragiles, malgré la pénurie de masques. Ils lancent un appel.

« Pierrick, c’est vous ? ». Il est 16 h et, depuis sa cuisine, cette vieille dame sait que son aide à domicile arrive. Parce que son petit chien a déjà filé dans la ruelle pour faire la fête à celui qui vient régulièrement l’aider à rester autonome chez elle. Cette fois-ci, Mme Filly n’aura pas le plaisir d’aller faire les courses avec Pierrick. Il ira seul au supermarché et reviendra les lui rapporter.

« Nous avons dû recentrer nos interventions sur les actes essentiels, comme l’aide au lever, au coucher, à la toilette ou encore l’aide aux repas et aux courses », explique de son côté Marie Baron, qui a récemment remplacé Hervé Le Gall à la tête de l’Acimad* (ex-Adapa). « Dès lundi, nous avons suspendu l’aide à la promenade, parce que nos usagers doivent rester confinés. Nous avons aussi suspendu l’entretien courant du domicile, pour limiter les contacts. Ce temps dégagé nous permet de mobiliser le personnel pour s’occuper d’absolument tous nos usagers, alors même qu’une petite partie de nos salariés sont en arrêt de travail. Soit parce que leur état de santé n’est pas compatible avec la situation, soit parce qu’ils doivent rester confinés pour avoir voyagé ».

Nous avons suspendu l’aide à la promenade, parce que nos usagers doivent rester confinés. Nous avons aussi suspendu l’entretien courant du domicile, pour limiter les contacts.

« Nous pouvons examiner de nouvelles demandes d’aide »

Marie Baron tient à souligner l’intense travail réalisé la semaine dernière par l’équipe administrative pour mettre en place cette nouvelle organisation. « Tous les usagers, leurs familles et tous nos salariés ont été contactés un par un pour déployer ainsi le service. J’avoue que l’équipe fait preuve d’une grande solidarité, ce qui nous permet, non seulement de continuer d’intervenir mais d’examiner d’éventuelles nouvelles demandes d’aide, du moins dans l’état actuel des choses. Nous travaillons en lien étroit avec les cabinets infirmiers et les médecins traitants. Et, à l’heure où je vous parle, aucun de nos usagers n’a révélé la maladie ».

Des usagers qui, malgré tout, sont « très angoissés, paniqués pour quelques-uns, observe Pierrick Kerloc’h. On ressent bien leurs craintes. Ils sont fragilisés par l’âge ou par des handicaps, leur famille est éloignée bien souvent, ils passent beaucoup de temps devant la télé, ce qui n’arrange pas les choses. Le fait qu’on porte gants et masques les rassure ». Mais c’est là que le bât blesse car les stocks, ici aussi, sont proches de zéro. « Ce qui, évidemment, rend aussi notre personnel inquiet », concède Marie Baron.

Appel à dons de masques, gants, lunettes, charlottes…

Pierrick Kerloc’h confirme. « Nous prenons le maximum de précautions, mais comme les caissières, comme les hospitaliers, comme les policiers, nous sommes en première ligne et nous n’avons pas ce qu’il faut pour nous protéger et, surtout, protéger ceux que nous aidons. L’heure n’est pas à la polémique mais quand nous serons sortis de cette pandémie, il est évident que les autorités auront à rendre des comptes, assure Pierrick Kerloc’h. Pour l’instant, même si c’est un peu angoissant, on se contente de rester dans le même bateau que tous ceux qui vont au travail ».

Via son président, Pierre Perio, l’Acimad a lancé un appel en début de semaine sur les réseaux sociaux pour bénéficier de dons de masques, gants, lunettes, charlottes et blouses à usage unique. « La solidarité fait son chemin. Nous avons eu de nombreux petits dons, dont un de 300 masques, se réjouit Marie Baron. Mais il nous en faudrait au moins 500 par jour. Nous savons que l’entraide sociale est actuellement le moteur incontournable d’une sortie de crise épidémique et sommes persuadés que cet appel sera entendu par toutes les personnes en possession de ces différents équipements ».

 

Pratique

L’Acimad, c’est l’Association cornouaillaise d’intervention pour le maintien et l’accompagnement à domicile. Elle emploie 180 salariés, qui accompagnent 1 242 personnes. 728 sur le pays de Douarnenez, 358 sur Quimper et 156 sur Plogonnec et Guengat. Contacts : tél. 02 98 92 70 75. Courriel : contact@acimad-asso.fr